Créée en 1980, Fleur Service Social a pour mission d’accompagner les personnes en situation de précarité et de lutter contre la pauvreté à Liège.
Le mois passé, nous vous présentions Laurence, accompagnatrice sociale, spécialisée dans l’accompagnement de personnes fragilisées à la recherche de logements en vue de se réinsérer dans la société. Si se réinsérer dans la société passe tout d’abord par l’accès à un logement de qualité, travailler est un autre pilier qui permet à tout-un-chacun de se réaliser en tant que citoyen du monde.
Fleur Service Social est reconnue comme entreprise d’insertion socio-professionnelle. Mais qu’entend-on par « la réinsertion socio-professionnelle » ? Il s’agit de donner une opportunité à ceux qui ont connu des difficultés en les aidant à retrouver un travail et à reconstruire des bases solides pour l’avenir. Dans cet article, nous allons explorer les défis auxquels l’un de nos travailleurs a fait face, à l’âge de 54 ans, et la manière dont nous avons pu le soutenir pour qu'il reprenne pied dans sa vie professionnelle.
Cette semaine, nous vous proposons une immersion au Dépôt à Saint-Léonard, notre grand magasin proposant meubles, décoration, objets et vêtements de deuxième main. Au « micro », Evangelos, surnommé Akis, qui a rejoint l’ASBL début 2022. Suite à la crise économique qu’a connu la Grèce, Akis a quitté sa terre natale en 2019 avec son épouse belge, pour venir s’installer définitivement à Liège. A l’époque, alors qu’il ne parlait pas français et n’avait pas de travail, il a atterri au CPAS.
« Je viens d’un village appelé Ioannina, à 1h30 de Corfu. Pendant une quinzaine d’années, j’ai travaillé en tant que peintre en bâtiment, de mes 18 ans à mes 33 ans. Ensuite, j’ai travaillé dans la construction, j’étais gestionnaire de chantier. En 2019, avec la crise économique, les temps sont devenus vraiment durs en Grèce. Je décide alors de venir m’installer en Belgique avec ma compagne qui est d’origine belge et qui avait de la famille ici. »
« Je ne connaissais pas le français, mais j’avais la chance d’avoir un logement, j’ai donc pu m’inscrire au CPAS. J’ai d’abord suivi des cours de langue. Les cours devaient initialement durer 15 mois mais j’ai terminé le cursus un peu plus tôt, après 12 mois, car j’ai décroché un stage chez Fleur Service Social entre-temps. »
« Théoriquement parlant, je devais réaliser un stage de 2 ans en entreprise, sous un contrat Article 60 qui est rédigé par le CPAS. Après cette période, je pouvais avoir droit au le chômage. Mais c’était hors de question ! J’ai besoin de travailler, je ne pourrais pas rester chez moi sans rien faire… Le travail fait partir de mes valeurs, je ne me sens pas bien si je ne travaille pas. »
« Oui, je suis conscient que c’est une chance d’avoir décroché un CDI. D’autres personnes sous Article 60 ne sont malheureusement pas engagées au terme de leur stage car Fleur n’a pas toujours d’emplois à pourvoir… Cependant, il y a diverses activités, notamment au sein du groupe Terre, dont Fleur fait partie. Il y a beaucoup d’opportunités en interne, et je sais que notre responsable tient vraiment à prêter main forte à ceux et celles qui ne peuvent pas rester au Dépôt avec nous. »
« Je me suis rapidement senti bien. L’équipe de Fleur est composée de personnes sérieuses et courageuses, sur qui on peut compter. Jérôme, Laurence, Mathieu, Fabienne… Ils sont tous top et à l’écoute. Il y a une bonne ambiance, nous dinons ensemble, nous sommes proches les uns des autres. »
« J’adore mon travail, premièrement car j’ai besoin de me sentir utile. C’est aussi une reconnaissance sociale d’avoir un emploi, je suis quelqu’un de travailleur, j’ai besoin de ça pour s’émanciper. Au Dépôt, mes journées sont toutes différentes, je passe de vendeur à réparateur de meubles, je range les rayons, je conseille les clients, je remonte les meubles arrivés démontés… J’aime aussi qu’on soit localisés dans un quartier où tout est à proximité, je peux me déplacer à pieds. Vraiment, c’est le travail que j’ai préféré dans toute ma carrière. »
Si Akis est heureux d’avoir décroché un CDI au terme d’un an de travail, ce ne sera malheureusement pas le cas de son collègue et ami Franck, qui n’aura pas la même chance que lui. A l’issue de son stage en février 2024, aucun CDI ne lui sera proposé, faute d’emplois disponibles. Pourtant Fabienne, la responsable du Dépôt, lui a promis de l’accompagner pour lui trouver un emploi stable une fois son stage arrivé à échéance. « J’ai pleuré quand j’ai su qu’on ne pouvait pas garder Franck. Il est courageux, agréable à vivre, de bonne humeur… Je ne vais pas le laisser tomber ! », nous raconte-t-elle.